Face à l’expansion sans précédent des géants de la technologie, l’Union Européenne a pris des mesures décisives en ordonnant à Apple d’ouvrir son écosystème fermé à ses rivaux. Cette directive, qui émane des régulateurs antitrust de l’UE, s’inscrit dans le cadre du Digital Markets Act (DMA) – une législation phare visant à limiter le pouvoir des grandes entreprises technologiques.
Qu’est-ce que l’ordre antitrust de l’UE implique pour Apple ?
Le 19 mars 2025, la Commission Européenne a officiellement lancé des procédures en vue de garantir le respect par Apple du Digital Markets Act (DMA). Cette initiative reflète une volonté globale de favoriser un paysage numérique plus compétitif en fournissant des directives détaillées sur comment Apple doit ouvrir sa technologie à ses concurrents, fabricants et développeurs tiers.
Exigences clefs pour Apple
Pour se conformer à cet ordre antitrust, Apple doit répondre à plusieurs exigences, notamment :
- Permettre à d’autres fabricants de smartphones, casques et dispositifs de réalité virtuelle d’accéder aux systèmes d’exploitation mobile d’Apple afin d’assurer une connectivité fluide avec les iPhones et iPads.
- Fournir un processus détaillé et un calendrier aux développeurs d’applications pour répondre aux demandes d’interopérabilité.
- Ouvrir son système « tap to pay » aux concurrents, une résolution reconnue par l’UE pour régler une affaire antitrust distincte.
Ces mesures visent à stimuler la concurrence et l’innovation dans le secteur technologique, tout en alignant les objectifs du DMA sur la mission d’Apple de préserver l’expérience utilisateur et la sécurité.
Apple rejette l’ordre de l’UE
Apple a exprimé de fortes critiques à l’encontre de l’application du Digital Markets Act, affirmant que cela affectera négativement leurs produits ainsi que les utilisateurs européens. Bien qu’elle consacre d’importantes ressources pour se mettre en conformité — avec jusqu’à 500 ingénieurs mobilisés — Apple craint que ces nouvelles réglementations ralentissent leur capacité d’innovation.
En réponse aux procédures d’interopérabilité spécifiques, Apple affirme avoir déjà effectué d’importants changements. Cependant, elle reste préoccupée par l’impact potentiel sur l’expérience utilisateur et la sécurité, tout en continuant à engager des discussions avec la Commission Européenne sur ces questions.
Conséquences de la non-conformité
Les conséquences pour Apple en cas de non-respect du DMA sont sévères. L’entreprise pourrait être condamnée à des amendes jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires annuel mondial, soit une pénalité potentielle de 50 millions de dollars par jour. En plus des sanctions financières, l’UE peut imposer des « remèdes comportementaux », exigeant qu’Apple cesse certaines pratiques.
Au-delà des amendes, la non-conformité pourrait affecter la réputation de l’entreprise, mener à de longues enquêtes antitrust et à des réclamations de dommages et intérêts. L’action de l’UE pourrait également inspirer d’autres organismes de régulation à travers le monde, impactant potentiellement le modèle commercial mondial d’Apple.